17 mai 2020 – Un allié vient à nous – Jean 14,v.15-21 – J. Alexandre

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Jean 14,15-21

Texte biblique (traduction J. Alexandre)

Mes commandements, si vous m’aimez vous les garderez.

Et moi je le demanderai au Père, et il vous donnera un autre allié, afin qu’il soit avec vous pour la durée des temps : le souffle de vérité, celui que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas, et ne le connaît pas.

Vous, vous le connaissez, parce qu’auprès de vous il demeure, et qu’il est en vous.

Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous. Encore un petit peu et le monde ne me voit plus, mais vous, vous me voyez.

Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez. En ce jour-là, vous éprouverez vous-mêmes ceci : moi en mon Père, et vous en moi, et moi en vous.

Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c’est celui qui m’aime.

Et celui qui m’aime sera aimé par mon Père, et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui moi-même.

 

Prédication

Un allié vient à nous

Je le demanderai au Père, dit Jésus à ses disciples, et il vous donnera un autre allié afin qu’il soit avec vous pour la durée des temps. Je préfère traduire ainsi, « un allié », le mot grec que l’on traduit souvent par « un consolateur ».

C’est que ce mot désignait précisément la personne que l’on appelle à son aide, voire à son secours, dans la difficulté, par exemple lorsqu’on est accusé, au tribunal, et là il s’agit évidemment d’un avocat. Ou bien lorsqu’on est dans le deuil, par exemple, et qu’on a besoin d’un ami pour vous soutenir, d’où l’idée de consolation. Mais c’est aussi l’allié qu’un combattant convoque pour qu’il l’aide à se tirer du danger, et dont l’arrivée va l’enhardir.

Et toutes les Écritures bibliques affirment que le grand, le vrai consolateur, le véritable ami en même temps que l’allié le plus sûr, c’est évidemment Dieu lui-même. « Viens à mon secours », crie vers lui le juste persécuté, dans les Psaumes.

Pour ces disciples galiléens rassemblés lors de ce repas, dont ils ne savent pas encore qu’il est le dernier du Christ, cet ami, ce soutien, cet allié, c’est lui, Jésus de Nazareth.

C’est évident pour eux, et ils ont bien besoin d’un tel aide, eux qui sont les membres d’un peuple qui a été envahi et soumis, qui est occupé et exploité par l’ennemi, qui ne sait plus où aller, qui est méprisé chez lui par les puissants, et qui est surveillé constamment par les gens qui détiennent le pouvoir de la religion. Un peuple à bout de souffle.

Seulement le voilà qui part, cet allié, il dit qu’il va disparaître, et qu’il leur confie la mission de poursuivre son œuvre, de travailler à l’œuvre de Dieu.

Or on ne fait rien de nouveau sur cette terre sans qu’un nouvel esprit anime ceux qui sont désignés pour agir. Il faut qu’un nouveau souffle vienne soulever et mettre en marche la communauté renouvelée. Et lorsqu’il s’agit pour elle, comme c’est le cas, donc, de réaliser l’œuvre de Dieu, il faut que cet esprit soit l’Esprit même de Dieu.

Certes, Dieu est le juge infaillible et intangible, mais en même temps, il a toujours été l’ami tendre et compatissant d’un peuple en butte à l’adversité et soumis à l’appétit des conquérants. De tout temps, c’est ainsi qu’il s’est révélé aux Anciens, d’Abraham jusqu’à Ésaïe en passant par Moïse et David.

Aussi, promet Jésus à ses disciples, lorsque le Père va s’installer en esprit au cœur d’une communauté, il y agira. Il mettra sa sécurité et son efficacité dans le cœur des croyants, comme un nouveau souffle, et il placera aussi en eux un lien de fidélité. Tel est le sens de l’Alliance, ainsi renouvelée, entre le Père et ses enfants : le Saint Esprit le relie à chacun d’entre eux, et il relie aussi chacun d’entre eux à tous les autres. Il est l’Esprit de l’Alliance.

Il est celui qui nous met sous l’abri du Règne de Dieu le Père, et il est celui qui nous fait vivre ensemble en ce monde comme frères et sœurs. C’est comme s’il était Dieu lui-même en nous : le Dieu Père et Fils. Dieu qui est aux cieux et Dieu qui s’est fait homme.

Parce qu’avec lui, nous sommes en communion ou, si vous préférez, en lien étroit, avec le Père et avec le Fils. Oui, le Saint Esprit est lien, communication, interprète, à l’image des ondes qui nous relient à un émetteur, ou qui nous relient entre nous, afin que nous communiquions ce qui fait notre vie, et que nous recevions ce qui fait la vie des autres, et ce qu’est la vie en Dieu.

Souvenez-vous que tout système de communication porte en lui-même un message aux autres. Aujourd’hui nous avons la radio et la télévision, le téléphone, avec fil ou sans fil, portable, par satellite, nous avons Internet et toutes ses applications… Des fils, des câbles, des ondes en grand nombre nous relient les uns aux autres. Mais qu’est-ce qui passe ? Souvent des soucis mesquins. Luttes d’influence, propos arrogants, messages ou spectacles insipides ou stupides, parfois asservissants, avilissants ou même criminels…

Heureusement il n’y a pas que cela, et ces dernières semaines ont montré à quel point tout cette technologie peut être aussi ce qui transmet l’amitié, le soutien, la présence amicale. Mais dans l’ensemble peut-on dire que l’humanité s’en trouve grandie, ou seulement apaisée et consolée de façon durable ? J’ai peur que non. Face à cela, le système de communication de Dieu, je veux dire le Saint Esprit, transmet le message d’un amour efficace.

Il est certes difficile de parler du Saint Esprit. On peut se représenter Dieu lui-même comme un Père parce qu’il était avant nous et nous a créés ; on peut se représenter plus facilement le Fils, Dieu devenu homme en un temps et un lieu donnés, connaissant même son nom d’homme, Jésus de Nazareth, et son histoire. Mais les Écritures elles-mêmes ont dû nous présenter le Saint Esprit sous la forme d’images de légèreté et de grâce impalpables : oiseau du ciel au vol aéré, dominant notre pesanteur ; souffle, aussi, léger ou puissant, invisible, imperceptible, et pourtant agissant, comme le vent ; flamme enfin, sans consistance et pourtant tellement éclairante.

Mais ce qui fait la réalité de l’Esprit de Dieu, c’est cette présence en mouvement, qui nous agit de l’intérieur, Dieu en nous, secrètement, et qui en même temps nous porte vers les autres, et fait, de chacun de nous, l’un des éléments d’un corps uni par l’amour.

Et toutes les Écritures nous le disent : on ne commande pas l’Esprit, mais on peut le demander. Parce que nous sommes toujours portés à nous endormir, à nous appesantir, à ne pas laisser notre être s’alléger et se mouvoir dans la grâce de la communion.

L’Esprit, on peut le demander, et même on le doit. Parce que lorsqu’il est en nous, nous-individu et nous-communauté, alors c’est comme la présence de quelque chose du Règne de Dieu qui survient dès à présent, comme une promesse de ce qui sera un jour.

Mais ce que nous oublions, c’est qu’il n’y a pas seulement à dire : « Seigneur, Seigneur, viens en nous ! » Non : le Saint Esprit vient chez ceux qui accomplissent sur eux-mêmes un travail, voire un combat. Et c’est qu’en effet il faut lui faire de la place !

Voyez comme les apôtres sont invités à s’alléger, à l’image de celui qu’ils ont suivi, voyez comme ils doivent se laisser envahir, et comme ils auront alors peu de souci pour ce qui, le plus souvent, alourdit l’existence humaine. Ils vont se vider de tout cela, du moins s’ils imitent vraiment leur maître.

Voyez alors comme la parole va circuler, par eux et autour d’eux. Sans doute ont-ils bien travaillé, tous ensemble, à se défaire de tout ce bruit que font nos craintes et nos plaintes, à nous les humains, pour que l’Esprit les saisisse comme il l’a fait, finalement, et les porte plus loin ?

Au fond, c’est cela une Église, une communauté de gens qui travaillent ensemble, comme dans un atelier, pour se mettre dans les conditions de l’écoute et de la communication. Ils le font dans l’espoir que le Père céleste pourra les utiliser pour son œuvre. Alors parfois un souffle passe : dans la communauté quelque chose se met à vibrer, et cette vibration se transmet autour d’elle. Cela ne se commande pas, mais cela se prépare, et c’est cela notre vocation.

Mais dans tout cela, le plus important c’est que nous avons un ami, un allié de l’intérieur. Nous ne le verrons pas tant que nous resterons obnubilés par les ondes et les messages dont nous bombarde le monde qui nous entoure, mais c’est pourtant une promesse assurée qui nous est faite, et qui peut nous enhardir : si nous mettons en pratique le commandement d’amour efficace que Jésus donne à ses disciples, le souffle de son esprit sera toujours avec nous.

C’est alors que nous pourrons aborder maintenant cet « après confinement » que nous commençons à expérimenter. Un après qui n’est pas encore un « après-virus » mais qui pourrait devenir, si tous s’y mettent, un grand début. Celui d’une marche vers un monde moins violent, moins dur aux miséreux, moins attaché à arracher sa richesse à la nature.

Notre monde ne sera jamais un nouvel Éden, mais nous pouvons contribuer à ce que le Souffle de Dieu le prépare à se placer sous le Règne de son Créateur. Car en chacun de nous réside ce doux et puissant allié. À nous de l’écouter en nous et de nous saisir de sa sagesse et de son efficacité.

 

Chant : « Viens, saint Esprit », strophes 2 et 4

(Alléluia 35-01 ou Arc-en-ciel 504)

 

Prière d’intercession

Seigneur, tu veux rendre saint ton peuple vivant parmi toutes les nations. Répands les dons du Saint-Esprit sur l’immensité du monde, et continue dans le cœur des croyants l’œuvre d’amour que tu as commencée à la naissance de l’Église.

Jésus, le Christ, lumière du monde, tu répands l’Esprit sur ton Église. Éclaire le cœur de ceux et celles qui cherchent à te suivre, et maintiens-les dans ton amour, toi qui vis et qui donnes la vie avec le Père et le Saint-Esprit.

Dieu notre Père, en Jésus, ton Fils, tu donnes à l’humanité ta Parole de vérité, et par l’Esprit saint, tu révèles quelles sont les voies qui mènent à ton Royaume. Que notre communion les uns avec les autres manifeste la puissance d’amour qui nous unit à toi.

Seigneur notre Dieu, tu es la force de ceux qui espèrent en toi. Ouvre nos cœurs afin que notre vie porte les fruits de l’Esprit : l’amour, la joie, la paix.

Fais que ton Esprit nous pousse à entrer avec humilité et amitié dans les combats, les travaux et les joies de celles et ceux qui, comme nous et avec nous, habitent notre monde et nous entourent, dans l’espoir que ta justice se réalise un jour et que se manifeste en plénitude l’amitié que tu portes à chacun comme à ta création tout entière.

Dieu fidèle, tu conduis, sans les abandonner jamais, ceux que tu as enracinés dans ton amour.

Fais que notre vie de tous les jours soit portée par ta grâce afin que nous servions paisiblement et fraternellement ceux que tu nous as confiés. Nous te présentons chacun d’entre elles et chacun d’entre eux.

Et nous te disons : Notre Père…

 

Bénédiction – Envoi

Souvenons-nous de ceci : tous nos savoirs, toutes nos compétences nous sont donnés par l’Esprit d’amour venu du Père pour qu’ils servent à ceux de nos frères et de nos sœurs à qui ils sont nécessaires. Souvenons-nous de cela, dans l’audace du service et de l’adoration.

 

Que le Seigneur de la paix nous donne lui-même la paix, en tout temps et de toute manière.

Allons en paix !

Chant : « Rendons gloire à Dieu, notre Père« 

(Alléluia 62/79 ou Arc-en-ciel 266)

 

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