19 juillet 2020 – Dieu nous fait grands pour les autres – Mathieu 13, v.31-32 – B. Marchand

Texte biblique – Matthieu 13, v.31-32 (Traduction Nouvelle Bible Segond)

31 Il leur proposa cette autre parabole : Voici à quoi le règne des cieux est semblable : une graine de moutarde qu’un homme a prise et semée dans son champ. 32 C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand elle a poussé, elle est plus grande que les plantes potagères et elle devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches.

Prédication

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Voici une parabole très courte. Une parabole est une histoire tirée de la vie quotidienne, qui parle facilement à ceux qui l’écoutent, car c’est tout simplement leur cadre de vie. Elle nous parle aussi, ici, dans le Poitou rural. Tout le monde sait ce qu’est une graine, comment une graine pousse et ce qu’elle donne ensuite comme plante.

Mais une parabole est une histoire qui veut parler d’autre chose que de la vie quotidienne. Si elle emprunte des images de cette vie, ce ne sont que des métaphores pour porter un autre message.

Cette parabole parle du “règne des cieux”. Il ne s’agit pas, bien entendu, de ce qui se passe dans les airs. L’image des cieux est symbolique, et désigne Dieu. Il s’agit de la façon dont Dieu est en relation avec le monde et agit dans ce monde. Pourtant, la parabole ne parle pas explicitement de Dieu. Il y est question d’une graine qui devient un arbre. Alors cherchons où se cache Dieu.

Il me semble que cette parabole nous révèle deux aspects du règne de Dieu, et nous dit par conséquent où Dieu se cache. Dieu règne en faisant croître, en faisant grandir. Dieu est également celui qui prend soin du petit. Commençons par l’action de Dieu qui fait grandir. La parabole dit que la graine a poussé. En fait, en grec, le verbe est au passif. En quelque sorte, la graine “a été poussée”, mais ça ne se dit pas en français. Cela veut dire que ce n’est pas la graine qui a poussé par elle-même ; c’est un autre qui l’a fait grandir. Dans la Bible, quand un verbe est au passif, c’est souvent Dieu qui est derrière. Dieu se cache derrière la forme passive du verbe, dans l’esprit des auteurs des textes bibliques. Voilà, par cette forme passive, la parabole nous parle bien de Dieu. Elle nous révèle que Dieu est à l’œuvre dans la croissance des choses, dans leur transformation. Dieu agit dans ce monde pour plus de grandeur.

La grandeur que Dieu nous donne est au-delà de nos espérances. À partir de l’insignifiance, du presque rien de la graine de moutarde, tellement cette graine est petite, jaillit une grande plante de près de trois mètres, au Moyen-Orient. Je ne sais pas si vous avez déjà eu une graine de moutarde dans votre main, entre vos doigts. Que les doigts paraissent disproportionnés pour tenir cette petite graine. Le moindre geste gauche et la graine est perdue au sol.

Insignifiants, presque rien, c’est le sentiment que nous pouvons avoir de nous-mêmes quand nous considérons le monde autour de nous, et l’univers qui nous englobe. Être insignifiants, presque rien, c’est aussi le sentiment que nous pouvons avoir de nous-mêmes quand nous regardons tous les besoins du monde et que nous les comparons à nos propres actions dans le monde. Tant de souffrances ont besoin d’être écoutées, d’être recueillies, d’être soignées. Notre monde a besoin de tant de transformations, et nous n’agissons que trop peu, comme une goutte d’eau dans la mer.

Qu’est-ce que l’humain pour que tu le considères comme grand, pour que tu te soucies de lui ? dit Job (Job 7.17). Qu’est-ce que l’humain pour que tu te souviennes de lui, pour que tu le connaisses ? Et le fils de l’humain pour que tu prennes soin de lui, pour que tu penses à lui ? demande le psalmiste (Psaumes 8.5 et 144.3). Cette question apparaît ainsi plusieurs fois dans la Bible (voir aussi Hébreux 2.6).

Quand parfois nous prenons conscience de notre petitesse, nous risquons de ressentir le vertige de l’insignifiance, de nous sentir tellement nuls, tellement sans importance, sans valeur. Mais ce n’est pas ainsi que Dieu nous regarde, et ce n’est pas le message que Dieu nous adresse !

Dieu est également celui qui prend soin du petit et qui lui donne sa grandeur. C’est la deuxième révélation de cette parabole. Oui, de notre petitesse, Dieu fait une grandeur. Nous sommes grands, importants, d’une grande valeur pour Dieu et pour son monde. Oui, Dieu nous révèle que notre grandeur ne dépend pas de nous ; elle dépend du regard de Dieu sur nos vies.

Aussi petit que tu es, tu es grand dans ta relation bienveillante à l’égard des autres, dans ton service aux autres. Il n’y a pas de petitesse dans l’amour que je porte aux autres.
Regarde la plante de moutarde, nous dit Jésus par cette parabole. Cette plante, bien plus grande que toutes les autres plantes du potager, offre un abri, une protection. Les oiseaux peuvent y habiter. Littéralement, le texte grec dit qu’ils peuvent y poser leur tente, c’est-à-dire s’y établir. On ne pose pas sa tente n’importe où. On observe le terrain pour choisir le lieu qui préservera du danger.

Ainsi, Dieu me fait grand pour les autres. Cette grandeur est fondée sur la confiance que les autres peuvent placer en moi. Pas de danger dans cet abri que je représente. L’autre y trouve un accueil, une sécurité physique et affective, un soutien pour y faire son nid. C’est donc ici que les autres peuvent grandir à leur tour. Grâce à Dieu, je suis devenu un espace de vie pour les autres.

Seigneur, nous te remercions de prendre soin de notre petitesse et de la transformer en grandeur non pas pour nous-mêmes mais pour les autres. C’est dans cette grandeur que nous trouvons la vie et que nous sommes vie pour les autres, car tu es le Dieu de la vie. Amen !

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