La lecture qui est proposée aujourd’hui se situe au tout début de l’évangile de Marc, au Ch 1 les versets 9 à 15. (lecture)
Dans ce passage, Jésus reçoit le baptême donné par Jean. Celui-ci avait annonc2 dans les versets précédents la venue d’un plus puissant que lui.
Le baptême de Jésus a donc lieu dans le Jourdain et rapidement, l’évangéliste Marc annonce la Bonne Nouvelle de Jésus : Dieu intervient et choisit Jésus comme Fils bien aimé : v 11 « Et une voix survint des cieux :Tu es mon Fils bien aimé ; c’est en toi que j’ai pris plaisir »
Jean n’est qu’un acteur, engagé certes puisqu’il y laissera sa vie, mais c’est bien Dieu qui signe l’acte du baptême de Jésus.
Le décor est ainsi planté… : Dieu choisit Jésus. On pourrait s’arrêter là, et se dire que le roi vient d’être élu et que tous les pouvoirs lui sont donnés !
Mais, bien sûr le récit de Marc ne s’arrête pas là. v 12 et 13 : « Aussitôt l’Esprit le chasse au désert. Il passa 40 jours dans le désert, mis à l’épreuve par le Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » Ce qui est frappant dans ce récit, c’est l’absence de détails quant à l’événement lui même… On passe de manière abrupte, rapide, du baptême où il est question de colombe, de fils bien aimé, de plaisir, à l’évocation directe et sans préambule, au séjour dans le désert où il est question de Satan, de mise à l’épreuve, avec des bêtes sauvages, des anges…
Avouez que cela est assez étonnant de la part de Dieu. Il choisit son Fils Bien aimé, et aussitôt celui-ci est poussé au désert.
Comme si le baptême lui même induisait naturellement cette mise à l’épreuve ? Une suite logique en somme !Mais quelle logique ?
Ce lien établi entre Dieu et Jésus (entre Dieu et toute personne) provoquerait-il à lui seul cet isolement au désert, ce passage par l’épreuve ? Ou bien est-ce de la part de Jésus une sorte de sagesse, un instant de doute, un besoin de comprendre ce qui lui arrive ?
Ce qui semble avoir de l’importance pour Dieu, c’est ce qui se passe après le baptême lui même.
Voilà donc ce passage au désert pendant 40 jours initié par Dieu . Un temps où tout peut arriver, une expérience dans l’inconnu, la solitude aussi, la peur sans doute, la souffrance peut-être… Dans la bible, de nombreux passages au désert sont relatés par de long récits où à chaque fois, Dieu est à l’origine de cette mise à l’épreuve. Marc, lui, en dit juste 3 mots: « mis à l’épreuve par le Satan ».
Ainsi Dieu fait passer Jésus de son statut de Tout Puissant au rang de simple citoyen : Jésus doit entrer dans la condition humaine, pour y vivre sa faiblesse, sa souffrance. C’est un temps d’épreuve donc. Mais un temps où Dieu ne l’abandonne pas ! Ce temps de réflexion, de dialogue en seul à seul avec Dieu, renforce en quelque sorte leur lien. Il éclaire Jésus sur ce qu’il est en train de vivre, et sur ce qui va se passer à sa sortie du désert.
La dernière partie du texte, particulièrement le v 15 confirme l’engagement de Jésus au service de Dieu : « Il proclamait la bonne nouvelle de Dieu et disait : « Le temps est accompli et le règne de Dieu s’est approché ».
Jésus, fils de Dieu, mis à l’épreuve 40 jours en sort vainqueur, prêt pour sa mission d’amour. Cette filialité devient une exigence, un engagement avant d’être un privilège ! Cet engagement que prend Jésus est un engagement total, mais réfléchi, consolidé, mûri, assumé et donc libérateur !
Comment faire résonner ce texte dans nos vies ?
Les tentations que connaît Jésus au désert sont celles que nous vivons tous les jours, posséder toujours plus, prendre le pouvoir, échapper à notre destin d’être mortel.
Ces tentations ne sont pas des pièges tendus par Dieu, imaginés par Dieu ! Ces tentations font bien partie de notre sphère humaine, pièges fabriqués et entretenus par l’homme lui même.
Nous chrétiens, sommes par notre cheminement dans la foi, baptisé ou non, amenés à vivre des moments de doute, de faux pas, d’interrogations au cours d’ événements qui affectent notre quotidien (maladie, deuil, séparation, isolement, difficultés diverses). Oui, nous côtoyons des bêtes de toutes sortes au quotidien. Certaines nous veulent du bien, il y en a bien sûr de nombreuses… D’autres cherchent à nous diviser, nous décourager, nous proposer des écrans de fumée…D’autres encore proposent même de réfléchir à notre place… De nombreuses situations nous poussent à oublier Dieu, à chercher ailleurs des sorties du désert. Des sorties du désert qui s’apparentent plus souvent à des miroirs aux alouettes ! Et où notre monde se perd encore un peu plus chaque jour.
Confions à Dieu nos faiblesses, nos peurs, nos interrogations. Il nous accompagne dans le tumulte de nos vies, il nous invite à passer un moment en seul à seul avec Lui.
Les moments d’épreuve sont une occasion d’une rencontre avec Dieu, de retrouver la source de notre foi, de puiser dans Sa force.
Alors pour certains ce sera plus fréquemment par la prière, la lecture ou relecture des Ecritures, tant d’ouvrages sont à notre disposition… Pour d’autres ce sera plutôt : le silence loin du tumulte, la pause loin des préoccupations, une parenthèse dans notre parcours où l’activité prend trop souvent le pas sur la réflexion. Cela peut aussi être à l’inverse la soif de sortir de notre enfermement et l’occasion de rejoindre l’autre pour échanger, partager, se ressourcer, se confier sur nos inquiétudes.
Les visages de la tentation sont multiples et parfois sournois, difficiles à percevoir. Un piège peut en cacher un autre. Soyons vigilants, pour nous même, pour les autres. Rappelons nous que c’est la connaissance de la Parole, ce message d’amour, renouvelé en Jésus Christ et rien d’autre qui nous permet de rester les enfants du Dieu qui nous libère, nous rend plus forts, vivants, vainqueurs ! Oui Dieu est capable de nous donner la force de supporter toutes nos tentations et d’en trouver l’issue.
Dieu nous offre son soutien, il nous envoie son Esprit. Sachons l’entendre, le sentir, soyons disposés à le rencontrer, à l’écouter, acceptons son aide. A propos d’écoute et de rencontre avec Dieu, je voudrais vous conseiller de lire deux textes parus dans la revue Réforme du 2 février dont le titre est« Dieu parle-t-il toujours ? ».
Notre monde, notre vie sont peut-être un désert, mais Dieu nous veut vainqueurs. Si nous le croyons, et si à l’heure de l’épreuve et des tentations nous tournons nos regards vers celui qui a vaincu, le désert s’illuminera, et nous pourrons y faire pousser l’espérance.
Dieu est là, il nous entend, il nous attend même et surtout dans nos traversées du désert.
Amen