21 juin 2020 – Une faveur sans condition et sans borne – Jean 5. v.1-9a – B. Marchand

Texte biblique (d’après la traduction Nouvelle Bible Segond)

Jean 5, v.1-9a

1 Après cela, il y avait une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. 2 Or, à Jérusalem, près de la porte des Moutons, il y a un bassin qui s’appelle en hébreu Bethzatha, et qui a cinq colonnades. 3 Sous ces colonnades était étendue une multitude de personnes infirmes, aveugles, boiteuses, desséchées. 5 Là se trouvait un homme dans son infirmité depuis trente-huit ans. 6 Jésus le vit étendu et, sachant qu’il était déjà là depuis longtemps, il lui dit : Veux-tu devenir en bonne santé ? 7 L’infirme lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me mettre dans le bassin quand l’eau s’agite ; pendant que, moi, je viens, un autre descend avant moi. 8 Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton brancard et marche ! 9 Aussitôt l’homme devint en bonne santé ; il prit son brancard et se mit à marcher.

Prédication

Nous venons de lire l’histoire de la rencontre entre Jésus et un homme infirme. Dans cette histoire de rencontre, il est question de faiblesse et de force.

L’histoire commence par parler des colonnades qui entourent le bassin de Bethzatha. Les colonnes se dressent vers le ciel et forment une construction qui se tient debout. Le mot grec pour désigner ces colonnades, stoas, vient de la racine grecque sta qui signifie se tenir debout, et qui donne aussi le nom sténos qui signifie la force physique, la vigueur. Ces colonnades sont des métaphores de la force, de la vigueur en se dressant droit vers le ciel.

Cette force, cette vigueur qui permet de tenir debout, contraste avec la foule étendue au sol, et en particulier avec cet homme infirme qui attire le regard de Jésus. Cet homme est faible, incapable de se tenir debout. L’infirmité dans laquelle il se trouve, a-sténéia en grec, est la négation — avec le préfixe a — de la force et de la vigueur, sténos. Mais contrairement aux autres qui sont étendus avec lui, cet homme est seul, sans aide, et depuis longtemps : trente-huit ans précise le texte. C’est une situation qui dure, qui semble enlisée, désespérée, sans avenir.

Toute cette histoire se passe autour de l’eau, d’un bassin. L’eau est inefficace pour cet homme. Cette eau est parfois agitée, et cette agitation est attribuée par certains manuscrits bibliques à l’action de Dieu par l’intermédiaire d’un messager — angelos en grec, c’est-à-dire celui qui annonce un message, un “ange” si nous transposons directement le mot grec en français et que nous ne le traduisons pas. Cet ajout dans certains manuscrits pose question. C’est bien pour cette raison qu’un certain nombre de traductions ne garde pas cet ajout. S’il était nécessaire de se plonger dans l’eau agitée par l’action de Dieu, alors cela signifierait que la grâce de Dieu, sa faveur, ne touche que ceux qui peuvent, qui ont les moyens de rejoindre l’eau et de bénéficier ainsi de cette grâce.

Cette condition soulève deux problèmes théologiques : d’une part il s’agirait d’une grâce conditionnelle, qui ne s’obtient que sous certaines conditions, et d’autre part cette grâce ne pourrait agir que dans un espace restreint, ici l’espace du bassin. Or, bien des textes de la Bible nous parlent d’une grâce inconditionnelle de Dieu, et d’une grâce qui n’a pas de limite, qui se manifeste partout. Le vent — l’Esprit de Dieu — souffle où il veut, comme dit Jésus dans l’évangile selon Jean (Jean 3.8).

La grâce de Dieu, dans notre histoire, c’est Jésus qui l’incarne, et non cette eau dans ce bassin. La grâce incarnée en Jésus rejoint celui, celle qui en a besoin, qui veut changer, devenir autre. C’est bien ce que l’homme faible désire. “Veux-tu devenir sain, en bonne santé ?”, demande Jésus. La volonté, c’est ici ce vers quoi on désire, on consent aller. Désires-tu, consens-tu à devenir sain, à devenir en bonne santé ? C’est-à-dire à devenir fort. La racine du mot grec pour dire la santé signifie croître, grossir, devenir fort, prendre de la vigueur. Jésus offre à cet homme de devenir sain pour qu’il se tienne debout par lui-même, comme ces cinq colonnades qui entourent le bassin. Jésus devient cette aide qui manque à cet homme faible. La grâce de Dieu est la véritable aide qui n’a ni frontière, ni condition. Devenir fort signifie accéder à une vie vivante. La grâce de Dieu par Jésus permet à cet homme d’être pleinement vivant et debout.

Laura va être maintenant baptisée. La bonne nouvelle que nous venons d’entendre me paraît faire écho au baptême, avec cette eau dans ce bassin. Laura ne va pas être plongée dans l’eau d’un bassin, même si c’est le sens du verbe baptiser, mais de l’eau va couler sur sa tête pour manifester la grâce de Dieu. Ce n’est pas l’eau qui possède une puissance de relèvement en elle-même ; c’est Dieu qui donne la force de se tenir debout à celui, celle qui veut devenir fort, vigoureux par l’Esprit de Dieu. Cette force de la grâce de Dieu relève et met en marche.

Seigneur, nous cherchons des signes de ta grâce, de ta faveur pour nous, alors que ta faveur se montre en nous-mêmes, à l’intérieur de nous. Cette force, tu nous la donnes au plus profond de nous pour rester debout comme une colonne dressée vers le ciel qui maintient ainsi un abri pour ceux qui sont étendus à terre. Tu fais advenir en nous ta vie pleinement vivante à chaque instant. Amen !

 

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