Nombres 6.22-27
Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël : “Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !” Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. »
Prédication
Nous venons de traverser ce temps de Noël ou des anges avaient annoncé la naissance de Jésus.
Au travers de Jésus, Dieu nous rejoint. Les paroles de Jésus, rassemblées dans l’évangile, sont un message au monde, porteur de paroles de vie et de paroles de bénédictions.
En cette période de vœux, nous aussi, souhaitons le bien à ceux que nous côtoyons. Les formules sont multiples : Bonne année, meilleurs vœux, bonne santé, etc. même si cela n’empêche pas la guerre, la maladie, les échecs, c’est une façon d’affirmer son espoir et le meilleur pour celui à qui je m’adresse !
Mais à y regarder de plus près, toute l’année, nous adressons des paroles de ce genre, bonne journée, bon courage, bon appétit, bonnes vacances, bon examen, et bien sûr, que Dieu te bénisse
Tout cela montre ce désir de se souhaiter du bon et du bien !
Ces attentions contribuent à manifester notre intérêt pour l’autre et à créer du lien dont nous avons tant besoin.
Toutes ces formules sont des paroles de bénédictions comme nous en trouvons dans la bible
Ce mot bénédiction, bénir revient 400 fois dans l’ancien testaments !
. Il est employé pour la première fois en Genèse 1.22, où Dieu bénit les oiseaux et les animaux marins et les appelle à être féconds et à se multiplier sur la terre. Au verset 28, Dieu accorde la même bénédiction à Adam et Ève et leur donne en plus la domination sur toute la création. Quand Dieu a appelé Abram à aller dans la terre promise (Genèse 12.1-3), il lui a promis de le bénir, de rendre son nom grand et de bénir toutes les familles de la terre à travers lui. Ces bénédictions sont clairement liées au bonheur et à la prospérité, pour lui-même comme pour les autres. En Genèse 22.16-18, Dieu bénit de nouveau Abram et précise que cette bénédiction est due à son obéissance aux commandements de Dieu.
Dans le NT, Comme dans les Psaumes, la meilleure vie est pour ceux qui aiment et craignent Dieu et qui vivent selon sa Parole. Romains 4.6-8 dit que ceux dont les péchés sont pardonnés sont heureux et bénis, car ils savent que leur relation avec Dieu a été restaurée.
Le sens du mot hébreu dans la Bible. « Bénir » se dit « Barak », Or le verbe vient du mot « BéReK » qui signifie « le genou ». Le sens premier est celui du serviteur qui se prosterne devant son suzerain, pour signifier à la fois qu’il reconnaît sa grandeur, et qu’il se soumet totalement à lui, attendant de sa part une parole de vie ou de mort le concernant, le suzerain alors le relève, lui fait grâce et lui donne une mission.
Ainsi, bénir Dieu, c’est s’agenouiller (moralement) devant lui, et lui dire de tout son cœur qu’on le reconnaît comme notre roi, maître et seigneur, qui a le pouvoir de nous faire vivre, et dont nous dépendons entièrement. C’est se soumettre à lui, en le reconnaissant plus important que nous, et attendant sa parole pour nous mettre à son service. 1
Le mot bénir en grec ou latin : « eulogein » et « benedicere » signifient: « dire bien », ou « dire du bien ».
Quand Dieu nous bénit, il s’agit aussi d’une parole bonne qui est donnée,
Dieu ne parle jamais pour dire ce qui est, mais pour dire ce qui doit être, et ce qui va advenir. La parole de Dieu est une parole créatrice, toujours nouvelle. C’est pourquoi nous pouvons dire que Dieu ne condamne pas, mais qu’il pardonne, Dieu ne considère pas le passé, ni même ce que nous sommes aujourd’hui, mais notre avenir ; et donc il nous juge sur notre visée d’avenir, c’est que nous appelons le salut par la foi.
La bénédiction que nous accorde Dieu n’est donc pas une reconnaissance du bien qui serait en nous, mais un envoi, une promesse. Si Dieu nous bénit, il dit un bien qui n’est pas encore, mais que sa parole crée en nous, pour peu que nous la recevions dans la foi.
La bénédiction que je vis dimanche après dimanche est la manifestation concrète – par le geste et la parole – de la puissance de la grâce de Dieu.
Si la bénédiction fait du bien par la parole prononcée, elle ne se limite cependant pas aux mots car elle est aussi un geste agissant
La bénédiction reçue avec humilité est non seulement une parole qui fait du bien mais qui va aussi dans le mouvement de relever, remettre debout ,et mettre en route celui qui l’accepte.
La bénédiction est ainsi parole performative en ce sens qu’elle produit ce qu’elle énonce : donnée et reçue, elle s’enracine certes dans la tradition biblique mais la déborde aussi largement en faisant irruption dans l’aujourd’hui de ma vie pour l’illuminer.
La bénédiction trouve ainsi largement sa légitimité en nous rappelant que le projet de Dieu pour ses créatures est une célébration de la vie, un projet auquel nous sommes appelés à participer pleinement en agissant à notre tour, en bénissant d’autres
La bénédiction est une arme redoutable, car elle transforme tout sur son passage. Elle est créatrice de vie nouvelle. Elle transforme les relations, les cœurs repliés sur eux-mêmes. 2
La bénédiction transforme aussi en profondeur celui qui la prononce. La bénédiction libère et ouvre des espaces inespérés de vie nouvelle et de réconciliation.
Bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction :
1 Pierre 3 :8-12
8 Enfin, soyez tous animés des mêmes pensées et des mêmes sentiments, pleins d’amour fraternel, de compassion, d’humilité.
9 Ne rendez point mal pour mal, ou injure pour injure ; bénissez, au contraire, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction.
1 Notes Louis Pernot, la bénédiction
2 Alphonse Goettmann, La Joie, Desclée de Brouwer,