7 août 2016 – Soyez vigilants – Luc 12, v32-48 – H. Monod

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Vigilance, veille, attente: ce sont trois mots qui nous sont familiers, qui font partie de la vie de tous les jours, et qui nous interpellent à travers cette parabole. Ces mots ne sont pas tout à fait synonymes: veiller, c’est rester volontairement éveiller pendant un temps normalement consacré au sommeil. Lorsqu’à l’état de veille il s’y associe une obligation de surveillance d’une personne ou d’un bien, elle devient vigilance; l’attente d’un événement ou la survenue d’une personne demande à être vigilant. Le récit que nous relate Luc comporte en fait deux parties qu’il convient d’examiner successivement, car elles impliquent des enseignements différents pour nous mêmes.

 

1. La situation décrite dans la première partie est simple: Un homme, un maître, ou un seigneur est parti en voyage pour régler quelque affaire. Il a laissé dans sa maison, dans sa propriété, du personnel livré à ses occupations courantes, et chargés de veiller sur son bien. Il compte bien le retrouver à son retour, toujours en train de veiller. Cela demande un effort d’attention, une concentration de tous les instants. Le maître compte bien retrouver à son retour, dont la date ou l’heure n’ont pas été fixées, ses serviteurs en train de veiller. Constatant que les consignes laissées ont été bien suivies, le maître se joint à ces gens, et pour les remercier, se met à leur service. Ceux-ci sont tour heureux du retour de leur maître, même si celui-ci a été tardif.

Nous trouvons dans les Evangiles plusieurs passages où il est question de vigilance. Au moment de la naissance de Jésus : il y avait dans le même pays des berges qui vivait aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leurs troupeaux (Luc, 2/8). Rappelons-nous aussi cette parabole des dix jeunes filles, encore appelées les vierges sages et les vierges folles. Aucune n’était restée éveillée, elles n’avaient pas été vigilantes et furent surprises dans leur sommeil par le retour de l’époux. Les disciples, eux-mêmes, font preuve de vigilance dans leur accompagnement de Jésus. Ainsi, lors de la transfiguration de Jésus, ils s’inquiétaient de savoir s’il ne serait pas bon de dresser trois tentes pour lui-même, pour Moïse et pour Elie.

Qu’est-ce que Jésus a essayé de faire comprendre à ses disciples? Est-ce seulement la nécessité d’être vigilant pour éviter les dangers de la vie au sein d’une population qui en partie rejette son enseignement nouveau, qui met à l’écart les pratiques observées de tous temps par le peuple juif et conteste son autorité ? Que pensent ses disciples de ce maître qui s’absente parfois? Est-ce que cela correspond à une absence de Jésus qui va retrouver son Père dans la montagne ou dans le désert ? N’est-ce pas plutôt une invitation à se tenir prêt à rentrer dans le Royaume de Dieu dont la venue est annoncée, mais c’est pour quand ? Un royaume dans lequel seuls prévaudront les deux commandements qu’il a donnés: tu n’auras qu’un Dieu, tu aimeras ton prochain. Et, pour rester vigilant, priez.

En ce nous concerne, au temps présent, être et rester vigilant est une vertu, qui s’applique dans de nombreux domaines: la mère qui surveille son enfant pour éviter qu’il ne lui arrive un accident, l’infirmière au chevet d’un malade, les soldats du feu craignant la reprise des flammes, le chauffeur en but au discours d’un passager, le piéton jouant au Pokemon-Go, etc… Mais c’est aussi dans notre état de citoyen la vigilance concerne le maintien des valeurs de la république. Dans notre vie spirituelle, il s’agit de ne pas oublier les enseignements que nous avons reçu de Jésus et notre devoir de solidarité envers les plus démunis.

Lorsque l’on attend la venue de quelque chose ou de quelqu’un, il est important d’être vigilent. Jésus a dit à ses disciples: le règne de Dieu est proche, tenez-vous sur vos gardes et restez éveillés dans une prière de tous les instants. Les disciples sont attentifs à ce que dit Jésus mais lui pose une question: ce que tu dis dans cette parabole c’est pour nous ou pour tout le monde ?

 

2. La réponse tient dans une seconde parabole, en fait complémentaire de la première. Comme précédemment, un maître doit s’absenter. Il laisse derrière lui un intendant fidèle. Il a confiance en lui et sait par expérience que celui-ci saura en son absence « distribuer en temps voulu les rations de blé ». Le maître revient après un temps indéterminé trouve tout en ordre. L’intendant est heureux parce que son travail a été apprécié et il se trouve récompensé par l’attribution de responsabilités plus importantes. A l’opposé, le cas est évoqué d’un intendant infidèle, en ce sens que, bien informé des recommandations de son maître, il n’aurait pas été conscient de son devoir de vigilance, vis-à-vis de son travail et du retour de son maître qui tardait à venir. Au retour de celui-ci il serait sévèrement puni pour s’être livré à quelques facéties. Même ceux qui n’étaient pas informés des volontés du maître se seraient trouvés châtiés.

Cela pose la question de l’initiative à prendre en fonction d’une situation et qui nous interpelle directement. Avons-nous besoin d’indications précises pour entreprendre ce que nous inspire la lecture de la bible et notre réflexion sur les deux commandements que Jésus nous a fait connaître ? Dans la parabole des “mines“ les sommes laissées par le maître ont été volontairement placées à la banque et celui qui avait fait fructifier la somme donnée s’en est trouvé récompensé. Certes, nous pouvons être de bons ouvriers et en être persuadés, mais Jaques dans son épître (4,17) nous dit: qui donc sait faire le bien et ne le fait pas se charge d’un pécher.

 

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