La parole de la semaine

Habiter l’attente pour structurer la vie
Dans la célèbre pièce de Samuel Beckett, En attendant Godot, deux amis clochards, Vladimir et Estragon, attendent un certain Godot qui ne viendra jamais. Leur situation reflète un sentiment d’inertie et de dépendance envers une promesse de salut qui n’arrive pas. Le cycle de l’attente se répète indéfiniment exprimant leur vision pessimiste du monde.
Les chrétiens auraient-ils la particularité « d’habiter l’attente » pour rendre l’univers moins absurde ?
Contrairement à l’attente vide et stérile de Vladimir et Estragon, paralysés par l’incertitude et l’absence de sens, l’attente chrétienne repose sur une promesse : la venue de Dieu et l’accomplissement de son Royaume.
Cette espérance n’invite pas à l’immobilité mais à l’action, elle pousse à transformer la société par la charité, la justice et le soin apporté aux plus faibles. En ce sens, l’attente chrétienne ne consiste pas à subir le temps mais à lui donner une direction.
Là où Beckett montre une humanité prisonnière d’un présent sans horizon, la tradition chrétienne propose une attente qui structure la vie, lui confère une signification et cherche à réduire l’absurdité du réel.
L’attente chrétienne apparaît comme une manière d’habiter le monde en y introduisant l’espérance plutôt que le vide.
Brice Deymié, pasteur de l’Église protestante française au Liban

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