15 mars 2020 – Mon être transformé par la prière – Exode 17.v.3-7 – B. Marchand

Texte biblique (Traduction Nouvelle Bible Segond)

Exode 17, v.3-17

3 Là, le peuple avait soif, le peuple maugréait contre Moïse. Il disait : Pourquoi donc nous as-tu fait monter d’Égypte, si tu nous fais mourir de soif, moi, mes fils et mes troupeaux ? 4 Moïse cria vers le Seigneur : Que dois-je faire pour ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! 5 Le Seigneur dit à Moïse : Passe devant le peuple et prends avec toi des anciens d’Israël ; prends aussi ton bâton, avec lequel tu as frappé le Nil, et tu t’avanceras. 6 Quant à moi, je me tiens là, devant toi, sur le rocher, en Horeb ; tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira. Moïse fit ainsi, sous les yeux des anciens d’Israël. 7 Il appela ce lieu du nom de Massa (« Provocation ») et Meriba (« Querelle »), parce que les Israélites avaient cherché querelle, et parce qu’ils avaient provoqué le Seigneur, en disant : Le Seigneur est-il parmi nous ou non ?

Prédication

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Ce texte du livre de l’Exode, proposé pour ce dimanche 15 mars, a fait écho en moi des échanges que nous avons eu jeudi dans le groupe du Défi Bible au sujet de la prière. Le groupe Défi Bible tente de lire l’ensemble de la Bible en un an. C’est en effet un véritable défi dans nos vies remplies d’occupations et de préoccupations, même si, concrètement, ce défi ne représente qu’un quart d’heure de lecture biblique par jour.

Lors de nos échanges, jeudi, il y a été question des demandes adressées à Dieu dans la prière, de la façon de formuler ces demandes — pour qu’elles correspondent bien à notre compréhension de qui est Dieu pour nous —, et des effets de cette prière sur nous-mêmes et sur le monde. Les réponses ne sont pas aussi évidentes qu’on pourrait le croire.

Dans ce récit de l’Exode, le peuple hébreu se trouve en plein désert après sa sortie d’Égypte, où il a subi l’esclavage. Dieu a délié son peuple vis-à-vis du roi d’Égypte, il l’a délivré de sa situation mortifère, et lui offre maintenant la liberté. Cependant, la liberté n’est pas si facile à vivre. Le début de la liberté est une véritable traversée du désert, une traversée qui va durer et durer, bien au-delà même de ce qui était imaginé.

Dans cette traversée du désert, la liberté apparaît comme un danger. Quand le peuple était esclave, ce n’est pas lui qui décidait, et il prenait ce qui lui était imposé par les maîtres égyptiens. Pas de question à se poser. Pas de choix à faire. C’était tellement plus simple ! Avec la liberté, cette simplicité, cette facilité disparaissent. Tout ne tombe plus du ciel ! pourrait-on dire.

Pourtant, le peuple est toujours en attente que tout vienne d’un autre, en l’occurrence, de Moïse, leur chef, qui traitera lui-même avec Dieu. Alors ils râlent et ne font plus confiance ni à Moïse, ni à Dieu qui les a rendu libres, soit-disant pour leur bien.

Vous avez sans doute déjà entendu des personnes qui refusent de se fier à Dieu, car Dieu leur est absent. “Le Seigneur est-il parmi nous ou non ?” dit le texte biblique. Oui, où est donc ton dieu, alors que l’épidémie de coronavirus s’étend, les guerres font rage, les souffrances sont partout dans le monde… Où est ton Dieu ? S’il y avait un dieu, il n’y aurait pas tout cela.

Il nous arrive, nous-mêmes, comme dans les psaumes, de réagir contre Dieu, parce que Dieu ne répond pas à nos attentes. Nous ne nous sentons pas protégés par Dieu, nous nous sentons abandonnés, car, selon notre compréhension, notre dieu doit nous assurer la sécurité. Et la sécurité est bien un besoin humain fondamental.

Pourtant, Jésus nous a révélé que Dieu aime sans condition et sans rien attendre en retour, que Dieu nous libère et nous relève de toute mort, de tout ce qui fige notre existence et nous empêche de vivre véritablement, que Dieu nous reste fidèle en tout temps et ne nous abandonne jamais, que Dieu nous donne la paix et la joie.

Comment concilier ces révélations sur Dieu et nos ressentis existentiels ? Comment tenir les deux ensemble, de sorte que ces révélations se transforment en convictions personnelles, en vérités personnelles, parce que nous les aurons ressenties en nous-mêmes ?

Cette transformation personnelle est, à mon sens, l’effet premier de la prière. L’autre effet de la prière est celui qu’elle produit sur le monde, mais cet effet nous échappe. C’est l’œuvre de Dieu. Laissons donc à Dieu de s’en soucier.

Qu’est-ce donc que cet effet premier de transformation personnelle que produit la prière ? Lorsque nous nous adressons à Dieu, nous tâtonnons. Nous cherchons nos mots pour exprimer nos émotions et nos besoins. Nous devons clarifier ces besoins pour trouver en nous nos besoins racines, ceux qui sont au fondement de notre être. Ce ne sont pas nos faux besoins qui en cachent d’autres bien plus essentiels.

Quand je demande à Dieu de me protéger, est-ce pour ne vivre aucune épreuve, échapper à tout ébranlement existentiel ? En quelque sorte, est-ce pour échapper à l’existence elle-même qui nous confronte irrémédiablement à la mort ? Ou bien est-ce pour ne pas succomber à la peur et ressentir la paix de Dieu qui traverse toute épreuve dans la confiance ? Oui, Seigneur, je désire tant garder confiance en toi quelques soient les circonstances de l’existence, et rester dans ta paix, comme Jésus dort paisiblement dans la barque qui traverse la tempête ! (Matthieu 8.24) C’est de cette protection dont j’ai véritablement besoin.

Quand j’adresse une demande à Dieu dans la prière, je dois me mettre à l’écoute de mes émotions et rechercher mes besoins racines, mes besoins fondamentaux, pour être vrai en mon être. Cette quête de moi-même tournée vers Dieu transforme ma demande, transforme mon être devant Dieu.

Alors pourra jaillir du rocher une source de vie inespérée, comme dans le récit de l’Exode. Alors la confiance en Dieu pourra s’ancrer en moi, et me permettra de traverser le reste du désert jusqu’à atteindre le pays où tout fructifie en abondance. Alors je vivrai de la vie vivante donnée par Dieu. C’est ainsi que j’entendrai Dieu me répondre. Amen !

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