16 août 2020 – Prédication sur Jean 9, 7 – l’aveugle de la piscine de Siloé – P. Sacilotto

Lecture Biblique

Jean 9. 7

Prédication

Evangile de Jean Chapitre 9. 7
 Jésus dit à l’aveugle : « Va te laver dans l’eau, à Siloé. » Le nom « Siloé » veut dire « Envoyé ». L’aveugle y va et il se lave. Quand il revient, il voit clair.

Jésus s’éloigne du Temple, fuyant les pharisiens qui voulaient le lapider pour avoir dit: « Je suis la lumière du monde ». Il répétera cela et démontrera par des actes, donnant aux aveugles la possibilité de voir.

Nous ne connaissons pas le nom de cet aveugle. Nous savons seulement qu’il est un mendiant, aveugle de naissance, qui demande l’aumône à proximité du temple. Il n’a aucune expérience de la lumière, il ne la connaît pas, il ne l’a jamais vue.
Il était assis, il ne pouvait ni marcher ni s’orienter; il était immobile, dépendant toujours des autres. Sa vie a continué dans l’obscurité.

Il n’est pas non plus mentionné que c’était samedi, seulement tout au long de la narration. Ce point de départ est essentiel pour mettre en évidence le point d’arrivée. Jésus activera la mobilité et l’indépendance des aveugles, rétablira la capacité de voir, le reconstruira comme un être humain tout entier.

Jésus ne consulte pas l’aveugle s’il veut être guéri, car étant aveugle dès sa naissance, il n’a aucune expérience de la lumière et ne peut pas spécialement la désirer. Automatiquement; les aveugles doivent accepter la lumière et la choisir librement.

Jésus n’enlève pas sa liberté: il lui offre l’opportunité et met le plan de Dieu pour les êtres humains devant ses yeux. L’aveugle décide de retrouver la vue: cela se manifeste dans le fait d’aller à Siloé de sa propre initiative, de marcher librement, de pouvoir quitter sa place, se laver dans la piscine, pour devenir lui vraiment. La réaction des personnes (parents, voisins…) sur l’identité de l’aveugle manifeste la nouveauté qu’apporte l’Esprit. En étant lui même il devient en autre.

Ce qui était aveugle révèle la nouvelle identité d’un homme reconstruit par l’Esprit. Les autres personnages continuent dans leur cécité: pharisiens, compatriotes, parents … sont des symboles de la difficulté d’accepter la lumière lorsqu’elle éclaire nos vies.

Il y a une grande différence entre l’aveugle sans initiative, sans liberté au début de la scène, et l’homme libre après la guérison. C’est pourquoi il utilise les mêmes mots que si souvent nous trouvons dans l’évangile de Jean, Jésus avait l’habitude de s’identifier comme : Le Je suis.

Cette formule révèle l’identité de l’être humain recréé par l’Esprit; elle découvre la transformation qui s’est opérée en sa personne et veut que les autres la voient. L’aveugle choisit librement la lumière. Lui, qui n’était que limitation, retrouve son autonomie et se laisse conduire par l’Esprit.

Ce qui compte vraiment, c’est que cet homme était limité et manquait de toute liberté avant de rencontrer Jésus. Il découvre maintenant ce que signifie être une personne et se sentir complètement épanoui. L’Esprit lui a permis de délier toutes les possibilités de devenir un « humain ».

Sa vie, cachée et dépendante, est désormais pleine de sens. Il perd sa peur et commence à être lui-même, non seulement en lui-même mais devant les autres. L’horizon qui s’ouvre pour lui est indescriptible. Le monde a radicalement changé; maintenant il pourra guider sa propre vie: il ne dépendra plus des autres pour le diriger. Le récit biblique d’aujourd’hui est avant tout un texte christologique.

Comment Jésus apparaît-il en lui? Premièrement, Jésus est Celui qui voit. Dans le récit de «L’aveugles depuis sa naissance», où les disciples ont vu un pécheur, Jésus a vu un être humain. Son regard ne s’arrêta pas sur le masque, mais il contempla un visage.

«L’aveugle de naissance» trouve en Jésus un regard encourageant et compréhensif, qui croit en lui et inspire confiance; un regard qui n’est pas lié au passé, mais qui ouvre une nouvelle possibilité de vie. Un regard qui active en lui la capacité de regarder la vie différemment.

Pour cette raison, Jésus apparaît également comme Celui qui rend visible. C’est le maître qui guérit la cécité et apporte la lumière, afin que la personne, découvrant son identité, puisse dire comme l’aveugle guéri: Je suis !

En cette période, nous ressentons l’urgence d’une conversion de notre regard; il faut purifier le regard, le rebaptiser. Regarder avec des yeux je dirais « christifiés».

Il ne s’agit pas de n’importe quel regard. Mais plutôt un regard propre, diaphane, libre et désintéressé qui déverrouille et prolonge la vie de l’autre dans une nouvelle direction. Contempler le visage de l’autre, c’est sentir sa présence, sans préjugés voir en lui le signe de la tendresse de Dieu. Passer de la contemplation à l’acceptation: c’est le mouvement de prière des yeux nous disait Derrida.

Le «regard contemplatif» perd son pouvoir créateur dans le contexte actuel; marqué par l’angoisse de vouloir «tout voir» en même temps, l’être humain n’est plus en mesure de faire une «pause» pour se laisser «voir» par la réalité. Sous le poids du rationalisme, il examine, compare, mesure, analyse, sépare … mais ne « s’exprime » jamais. D’où le regard refoulé, dévié, insensible, froid, dur. C’est le péché contre le regard: regard superflu et immédiat, regard schizophrène et narcissique, regard froid, sans vibration, sans éclat, sans étonnement …

Dans ce regard il n’y a pas de place pour l’admiration, ni pour l’accueil et la présence de l’autre. Il n’y a que le regard qui fixe, asservit et aliène.

L’art de voir consiste, fondamentalement, à tout voir avec le cœur. Seul le cœur trouve en tout les empreintes de la Présence ultime, qui regardent du visage de chaque personne, la beauté de chaque créature.

Chers amis que la présence, le regard, et la grâce de notre Jésus le Christ, nous illumine dans tout ce que nous voyons.

Amen

 

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