19 janvier 2021 – Fructifier avec Dieu – Jean 15, v.1-17 – B. Marchand

Texte biblique (Traduction la Nouvelle Bible Segond)

Jean 15, v.1-17

1 C’est moi qui suis la vraie vigne, et c’est mon Père qui est le vigneron. 2 Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il porte encore plus de fruit. 3 Vous, vous êtes déjà purs, à cause de la parole que je vous ai dite. 4 Demeurez en moi, comme moi en vous. Tout comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure dans la vigne, vous non plus, si vous ne demeurez en moi. 5 C’est moi qui suis la vigne ; vous, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; hors de moi, en effet, vous ne pouvez rien faire. 6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent. 7 Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. 8 Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez mes disciples. 9 Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. 11 Je vous ai parlé ainsi pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. 12 Voici mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. 13 Personne n’a de plus grand amour que celui qui se défait de sa vie pour ses amis. 14 Vous, vous êtes mes amis si vous faites ce que, moi, je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus esclaves, parce que l’esclave ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père. 16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que, vous, vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ; afin que le Père vous donne tout ce que vous lui demanderez en mon nom. 17 Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.

Prédication

Le texte de l’évangile selon Jean, pour la semaine de l’unité des chrétiens, est complexe par ses imbrications multiples. Plusieurs thèmes y sont mêlés, parce que tout est lié dans les paroles de Jésus. Il s’agit d’amour, il s’agit de demeurer et de porter du fruit. Ce texte se situe dans un long discours de Jésus sur ces questions de demeurer en Dieu, de demeurer en Jésus, et sur l’amour, mais la nouveauté est celle de porter du fruit avec la métaphore de la vigne.

C’est ainsi que commence le texte. Jésus est la vigne, Dieu en est le vigneron, et nous sommes les sarments, chacun, chacune de nous. La vigne, Jésus, porte l’humanité. La préoccupation première, pour Jésus, est que l’humanité porte du fruit. C’est bien ce qui glorifie Dieu, dit Jésus. Cette préoccupation traverse tout le texte, et c’est l’œuvre de Dieu de nous faire fructifier, en nous purifiant par l’action de sa parole qui vient émonder ce qui est mort, une parole qu’il donne par la bouche de Jésus : “vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite”. Ne faut-il pas entendre ici le pardon de Dieu qui agit, nous libère de nos morts, et nous relève pour la vie ? C’est bien Dieu, et Dieu seul, qui est à l’œuvre ici.

Mais cela dépend aussi de nous. Il nous faut demeurer, dit Jésus, non pas dans un lieu figé qui pourrait représenter un repli, un enfermement, une mort, mais dans un lieu dynamique, en mouvement, dans un lieu de vie que sont Dieu et Jésus. La vie donnée par Dieu, la vraie vie vivante à chaque instant, porte la puissance de Dieu qui me donne l’élan et me met en mouvement vers l’autre, qui m’ouvre à l’autre, à Dieu et à la création toute entière. Cette vie-là donne sens à mon existence, un sens qui porte l’espérance au-delà des épreuves de l’existence.

Dans ce lieu de vie, d’ouverture à Dieu et à la création, il me faut demeurer. Non pas que je n’y sois pas au départ, mais je risque d’en sortir. Il s’agit d’y rester. En effet, ce qui est acquis pour chacun, chacune, c’est que Dieu demeure en lui, en elle, qu’il est en chacun, chacune par son Esprit. L’enjeu est donc bien d’y rester, de rester en lui. Car sortir de Dieu constitue l’infertilité, la mort. Hors de Dieu, de Jésus, pas de fruit : “vous ne pouvez rien faire”, dit Jésus. Je risque de me fermer à sa présence en moi, je risque de l’ignorer du fait de mon penchant naturel à donner la primauté au moi, à l’ego, à me glorifier moi-même au détriment des autres.

Demeurer, rester dans le lieu de la vie vivante, c’est garder, garder une parole qui se fait commandement ; non pas une injonction, une volonté imposée — car personne ne peut contraindre à aimer, pas même Dieu —, mais un appel vif, aigu, brûlant pour que j’échappe au feu qui brûle les sarments émondés, et que je choisisse la vie offerte par Dieu dans l’amour. Cette vie est celle de l’esprit qui me vient de Dieu, la vie spirituelle, la vie zôê, à l’origine de mon être, la vie vivante à chaque instant.

Mais pour vivre de cette vie vivante, Jésus nous dit qu’il est nécessaire de se défaire, de se dessaisir de la vie de l’ego, de l’être tourné sur lui-même, la vie psuchê, celle qui anime le corps mais qui s’arrêtera à la fin de l’existence sur terre. Se délier de sa vie matérielle, repliée sur l’ego, afin d’accueillir l’amour et la vraie vie.

Garder, demeurer ne sont donc pas ici des synonymes de conservatisme et d’immuabilité. Ce n’est pas se figer dans une tradition, ni rechercher une conformité à des pratiques anciennes. Garder, demeurer en Dieu, en Jésus, en la vie vivante, c’est être constamment dans la dynamique de vie qui se déplace, qui s’adapte, qui se réforme, qui s’harmonise avec l’ensemble de la création en mouvement.

L’amour permet d’accueillir cette dynamique de vie, d’accepter ses déplacements, ses adaptations, ses réformes, ses harmonisations. L’amour rend capable de regarder l’autre comme celle, celui qui m’est donné pour pousser ensemble dans la vigne et porter du fruit. Et c’est encore Dieu, et sa parole en Jésus, qui me donne cette puissance de l’amour. C’est le choix de Dieu que nous soyons appelés à pousser ensemble comme une seule plante avec le Christ (Romains 6.5), une plante d’amour. Nous y trouverons la joie en plénitude, nous dit Jésus. Amen !

 

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