20 juin 2021 – La foi est-elle une doctrine ou une attitude d’esprit ? – Marc 4, v.35-41 – A-G. Nouga

Prédication du 20 juin 2021 à La Mothe-Saint-Héray

Échange de chaire – Alain-Georges Nouga, pasteur de Niort

 

Texte : Marc 4. 35-41

Thème : La foi est-elle une doctrine ou une attitude d’esprit ?

Frères et sœurs en Jésus-Christ,

Nous pouvons définir le mot doctrine comme étant l’ensemble des notions, des opinions qui permettent d’orienter l’action humaine et d’interpréter les faits. Autrefois, nous récitions des doctrines en catéchèse, même si nous n’y comprenions pas grand-chose. Voilà pourquoi, l’Église en tant qu’institution, obéie à un ensemble d’éléments organisant son fonctionnement. Dans ce sens, le chrétien est-il premièrement quelqu’un qui fait, ou quelqu’un qui croit ? Les œuvres et l’éthique ne sont qu’en second plan dans le christianisme biblique.La foi qui est au premier plan, est la source d’où les œuvres de la vie chrétienne découlent. Puisque nous ne sommes pas sauvés par ce que nous faisons, mais par ce que nous croyons, il est impératif de réfléchir sur ce en quoi je crois. C’est ce qui justifie le thème que je propose à notre méditation en ce jour : La foi est-elle une doctrine ou une attitude d’esprit ?Deux idées retiendront notre attention. La foi comme attitude d’esprit marquée par la confiance ; et les conséquences qui en découlent.

La foi comme attitude d’esprit marquée par la confiance.

L’évangéliste Marc nous fait découvrir le récit de la tempête apaisée, dans sa forme la plus dépouillée. Il fait fi de quelques détails que les autres évangélistes mentionnent. En tout cas, la journée est terminée et la nuit arrive à grand pas. C’est à ce moment que Jésus invite ses disciples à traverser la mer de Galilée pour aller dans un autre endroit, précisément sur le territoire des païens, afin d’annoncer la Bonne nouvelle. Nous imaginons que la journée n’a pas été de tout repos, pourtant, il faut déjà se mettre en route. Changer de lieu et peut-être changer de moyen de déplacement, en utilisant la Mer. Or, pour les Juifs, l’eau, que ce soit la Mer ou un Lac représente le lieu du péché et du mal ; parce qu’à la différence de la terre ferme, l’eau est par excellence le lieu de l’instabilité. Les disciples quittent la terre ferme « lieu de sécurité supposée », pour prendre la Mer, « lieu d’instabilité supposée ». C’est pendant la traversée que la grande surprise intervient. Une tempête surgit ; il fait noir et les disciples ne peuvent plus s’orienter en regardant les étoiles. La barque est malmenée par les vagues et commence à prendre l’eau. C’est la trouille et la panique générale à bord. Les marins en savent quelque chose. Jésus dort pendant ce temps. Il est zen dirions-nous aujourd’hui. Je rêve d’être à sa place. Pouvoir dormir lorsqu’un avion traverse les zones de turbulence. Le vent, les bruits, les mouvements ; même pas peur. Ce qui choque les disciples qui n’en peuvent plus. C’est pourquoi ils l’interpellent violemment, ce qui met brutalement fin à son sommeil. Écoutons les parler au verset 37 : « Ils le réveillent et lui disent : Maître, nous sommes perdus et tu ne t’en soucies pas » ; Autrement dit, tu te fiches pas mal de ce qui nous arrive. Jésus intervient comme le rapporte l’évangéliste : « Réveillé, il rabroua le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi ! Le vent tomba et un grand calme se fit. 40 Puis il leur dit : Pourquoi êtes-vous peureux ? N’avez-vous pas encore de foi ? » En prononçant cette phrase, Jésus semble rappeler aux disciples que le contraire de la foi, c’est la peur ; voilà pourquoi la foi n’est pas une doctrine, mais une attitude sereine d’esprit. Comment vivre cela lorsque nous sommes démunis face aux mers multiples et multiformes que nous traversons chaque jour ? Comment réagis-tu lorsque le vent souffle fort dans ta relation conjugale, familiale et professionnelle ? Ou trouves-tu la force pour résister aux océans qui se déchaînent dans ta vie ? Comment combats-tu les moments instables de ton quotidien ? « « Réveillé, il rabroua le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi ! Le vent tomba et un grand calme se fit » nous relate l’évangéliste au verset 39.

Ma sœur, mon frère,

Si la foi n’est pas un corps de doctrine, mais une attitude d’esprit marquée par la confiance, quelles sont les conséquences qui en découlent selon le récit de l’évangéliste ?

Il ne fait point de doute que les tempêtes existent bien dans nos vies, dans notre monde. Comment arriverons-nous à dormir paisiblement au milieu de tout cela, sans demander à Jésus en toute confiance, de poser par sa Parole la paix sur nos lieux d’instabilités, nos troubles, nos fracas, pour que règne le calme sur nos agitations ? Nous ne sommes pas dupes cependant. Nous savons qu’il nous arrive parfois de dire à Jésus, secoues-toi là-haut puisque nous n’en pouvons plus. Il ne s’agit pas seulement d’avoir la confiance en Dieu et tout ira bien. Nous pensons également que Jésus nous abandonne et nous ne voulons pas le réveiller au fond de sa barque, tout comme les disciples ?

Revenons au texte pour justifier nos propos : « Ils furentsaisis d’une grande crainte ; ils se disaient les uns aux autres : Qui est-il donc, celui-ci, que même le vent et la mer lui obéissent ? » verset 41. Jésus vient de calmer la tempête et les disciples ont peur. Pourquoi ? alors qu’ils sont tous les jours avec Lui ? Les disciples ont mis en application le récit de Matthieu 7.7 « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira ». Il calme la tempête pour les apaiser, puisqu’ils ont demandé ; mais ce geste les plonge dans la peur ; pourquoi ? Quelle est donc cette crainte ? la crainte de Dieu à qui même la mer et le vent lui obéissent. Les disciples sont passés de la peur de la tempête, à la crainte de Dieu. Oui à chaque fois que l’être humain est face à Dieu, il est saisi de crainte nous dit les écrits bibliques. Prenons deux exemples : Dans le récit de la vocation de Isaïe, le prophète à une vision, et quand il comprend qu’il est en face du Trône de Dieu, il s’écrie « Malheur à moi, car mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur tout puissant » Et quand le pécheur Pierre accueille un prédicateur dans sa barque et que ce dernier lui demande de jeter ses filets, certes il obéit, mais quand la pèche devient miraculeuse, il comprend que l’homme qu’il a embarqué est plus qu’un prédicateur, il tombe à genoux en disant à Jésus « Éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur » etc.

La crainte de Dieu vient d’une rencontre qui suscite au plus profond de notre cœur une prise de conscience que Dieu n’est pas seulement une idée ou une abstraction, une doctrine, mais qu’il est bien Élohim Adonaï, c’est-à-dire Dieu créateur, et c’est le seul qu’il faut adorer ; Yaweh qui veut dire Seigneur. C’est donc le créateur du ciel et de la terre, venu te rencontrer dans ton humanité, tout proche de toi, intime, celui qui te connaît par ton nom, mais que tu refuses de considérer comme Seigneur de l’univers. Voilà pourquoi tu le loues de manière intellectuelle, alors qu’il te demande de le rencontrer au plus profond de ton cœur, surtout que toute rencontre réelle avec lui transforme radicalement ta manière d’être, de vivre le culte et le prier, bref, ta manière d’habiter le monde. Alors que tu crains plus les tempêtes que tu traverses, l’évangéliste nous emmène ce matin à craindre Dieu, puisque c’est là le commencement de la sagesse. La crainte de Dieu est totalement l’opposé de la crainte des êtres humains. Si tu ne veux pas avoir peur, alors crains Dieu. La promesse que laisse l’Écriture n’est pas la tranquillité, mais l’assurance d’un Dieu qui est plus grand que nos tempêtes. Le Psalmiste l’avait bien compris lorsqu’il disait avec confiance dans le Psaume 23 : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car ta houlette et ton bâton me rassurent ». Sa confiance repose sur une spiritualité qui ne prend pas la couleur du vase communiquant qui le contient. Sa spiritualité est solide et s’enracine dans la seule crainte de Dieu, couplée de la certitude qu’il est aimé de Lui. Notre consistoire en a fait une priorité : Annoncer l’évangile sous tous ses aspects ; et chacun de de nous est invité à en faire une priorité dans son engagement.

Quant à moi, j’ai pris la résolution de partir annoncer l’évangile au bout du monde, quel que soit le temps que cela mettra ; relever ceux qui sont tombés, redonner la vie aux âmes mourantes. Oui rien ne m’arrêtera sur le chemin, la distance encore moins la souffrance ; je souhaite avec l’esprit de Dieu braver le soleil et les tempêtes, afin de combattre au nom de l’Éternel. Et toi ? qu’en penses-tu ? pour ta famille, ton église et ton consistoire ? Le Seigneur marche devant toi et te rappelle que la foi n’est pas une doctrine, mais une attitude d’esprit qui se vit dans la confiance sans réserve. En as-tu conscience ?

Amen

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