22 mai 2022 – Se recharger en se connectant au vivant – Marc 6. v.30-46 – B. Marchand

Texte biblique (Traduction la Nouvelle Bible Segond)

Marc 6. v.30-46

30 Rassemblés auprès de Jésus, les apôtres lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. 31 Il leur dit : Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Car beaucoup venaient et repartaient, et ils n’avaient pas même le temps de manger. 32 Ils partirent donc dans le bateau pour aller à l’écart, dans un lieu désert. 33 Beaucoup les virent s’en aller et les reconnurent ; de toutes les villes, à pied, on accourut et on les devança. 34 Quand il descendit du bateau, il vit une grande foule ; il en fut ému, parce qu’ils étaient comme des moutons qui n’ont pas de berger ; et il se mit à leur enseigner quantité de choses. 35 Comme l’heure était déjà tardive, ses disciples vinrent lui dire : Ce lieu est désert et l’heure est déjà tardive ; 36 renvoie-les, pour qu’ils aillent s’acheter de quoi manger dans les hameaux et les villages des environs. 37 Mais il leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui disent : Irons-nous acheter deux cents deniers de pains pour leur donner à manger ? 38 Il leur demande : Combien de pains avez-vous ? Allez voir. Après s’être informés, ils répondent : Cinq, et deux poissons. 39 Alors il leur ordonna de les installer tous en groupes sur l’herbe verte, 40 et ils s’installèrent par rangées de cent et de cinquante. 41 Il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et prononça la bénédiction. Puis il rompit les pains et se mit à les donner à ses disciples, pour qu’ils les distribuent. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. 42 Tous mangèrent et furent rassasiés, 43 et on emporta douze paniers de morceaux de pain et de poisson. 44 Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes. 45 Aussitôt après, il obligea ses disciples à monter dans le bateau et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renverrait la foule. 46 Il prit donc congé et s’en alla sur la montagne pour prier.

Prédication

Dans cette histoire, tout s’enchaîne. Certains d’entre nous sont très actifs, dans leur travail, dans leurs engagements bénévoles, dans la vie familiale, dans l’aide qu’ils peuvent apporter aux uns et aux autres…D’autres l’ont été, actifs, et ont ralenti leur rythme aujourd’hui. Tout enchaîner, “le nez dans le guidon”. Cette histoire parle de nos vies trépidantes.

L’Église non plus n’est pas en reste. Nous avons un projet de vie qui couvre trois domaines : proclamer la bonne nouvelle de Jésus-Christ et édifier chacun des membres de l’Église ; célébrer, louer, remercier notre Dieu pour son amour et sa faveur pour nous ; soutenir les plus vulnérables et s’accueillir entre générations. Pour chacun de ces trois domaines, deux axes d’action. Pour chacun des axes, une diversité de moyens qui peuvent être mis en œuvre. Le règne de Dieu, que nous sommes appelés à vivre, nous pousse dans toutes ces directions. Le conseil presbytéral est élu pour conduire cette dynamique. Les pasteurs accompagnent et participent à cette dynamique. Oui, il y a du mouvement ! Nous avons parfois l’impression d’être emportés dans un tourbillon.

Il n’y a rien de nouveau ici. Les disciples de Jésus reviennent d’une mission d’évangélisation. Ils “racont[ent] tout ce qu’ils [ont] fait et tout ce qu’ils [ont] enseigné”, nous dit le texte. La foule est toujours là, dans un va-et-vient permanent, dans une sollicitation permanente. Pas même le temps de manger. La foule les suit à la trace.

Nous pouvons bien le comprendre. Pour cette foule, il y a comme une urgence : urgence qu’on prenne soin d’elle, urgence d’entendre une parole de vie, soif d’en entendre plus…

Jésus prend la mesure de tout ce qui a été mené par les disciples. “Il leur dit : Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu.” À l’écart, dans un lieu désert, pour se reposer. S’éloigner de ce tumulte, retrouver le calme, se ressourcer, respirer enfin. Se déconnecter pour mieux se connecter à soi, à ce qui est vivant en soi, se connecter à Dieu.

Mais non. La foule ne les lâche pas. Non, pas de répit. La foule suit. Il y a encore urgence. Ces gens sont “comme des moutons qui n’ont pas de berger”, dit le texte. “[Jésus] en fut ému” — littéralement, Jésus est saisi aux entrailles. Il est profondément bouleversé par l’urgence existentielle qui vient à lui. On ne peut pas ne rien faire et les laisser là. C’est impensable pour Jésus.

Les disciples doivent encore organiser un repas. “Donnez-leur vous-mêmes à manger”, leur dit Jésus. “Allez voir.” Les disciples doivent ensuite organiser la foule, l’installer, lui distribuer le repas. Jésus fait lui aussi sa part : il a enseigné, a béni le repas, donne les morceaux, et finalement prend sur lui de renvoyer lui-même la foule. On pourrait se dire : Cette fois, c’est bon. Mais pas tout à fait, car la traversée en bateau que les disciples amorcent ne va pas bien se passer. Une tempête les attend !

Mais alors, faut-il subir tout cet enchaînement des activités, des événements, des rencontres, et les vivre en apnée, sans respirer ? C’est pour quand, la pause ? Voilà bien la question de notre texte. C’est pour quand, la pause ?

Jésus, lui, se retire ensuite sur la montagne pour prier. Il va se relier à Dieu, déposer devant Dieu toutes ces rencontres, ces partages, remercier Dieu. Combien de temps y reste-t-il ? Pas longtemps sans doute : après avoir nourri la foule, alors que l’heure était déjà tardive, et le début du soir, car le texte dit, juste après ce que nous avons lu, que Jésus retrouve ses disciples “le soir venu”. Jésus s’est octroyé le privilège de s’isoler un peu, le privilège du maître peut-être, mais cela ne dure pas. La suite se présente déjà à lui.

Il me semble que cette histoire nous invite à sortir de l’apnée et à chercher la respiration au sein même de cette frénésie d’activités. Voici ce qui m’amène à lire ainsi ce texte.

Le repas tardif, organisé en dernière minute, nourrit en abondance. “Tous mangèrent et furent rassasiés.” Tous. Les disciples aussi. Il semble que le contentement est atteint. Les besoins ont été pleinement remplis pour tous.

Ce repas d’abondance — de surabondance même, car il y a de nombreux restes — fait penser au psaume 23. D’abord parce qu’il y est aussi question de berger. Le psaume 23 déclare : “Le Seigneur est mon berger.”

Or, la foule n’a pas de berger et trouve son berger en la personne de Jésus. Jésus se présente comme le berger, le Seigneur de ses disciples et de la foule. Puis, le repas a lieu “sur l’herbe verte”, alors que, par deux fois, il est précisé que tout se passe dans un lieu désert. Cette herbe verte au milieu du désert est bien étonnante. Elle évoque en fait les “verts pâturages” du psaume 23. Enfin, le rassasiement de tous fait écho à la coupe qui déborde dans le psaume 23. Cette histoire de repas s’annonce comme une réalisation du psaume 23. Les images de ce psaume, qui portent un sens spirituel, existentiel, se réalisent là, concrètement, avec Jésus.

Avec Jésus, la vie est donnée au cœur même de l’effort et du labeur. C’est pour moi la bonne nouvelle de ce texte biblique.

Nous avons peut-être déjà eu l’expérience, dans notre travail ou notre vie quotidienne, d’un cumul d’activités épuisant, et dans ce cumul, que nous ressentions quelque chose de vivant pour soi-même. Et l’inattendu se produit : alors que la fatigue physique est bien présente, nous nous sentons comme régénérés, rechargés, et nous repartons avec un nouvel élan, une légèreté. Il nous vient peut-être plusieurs exemples personnels en tête.

Nous sommes invités, par le texte biblique que nous avons lu aujourd’hui, à ne plus subir les activités, mais à les vivre en Jésus-Christ pour y trouver la vie, pour y trouver le ressourcement qui redonne l’élan. C’est en me connectant au vivant en moi, au Dieu vivant qui m’insuffle la vie, que je peux retrouver l’élan de l’amour, du partage, du lien à l’autre. C’est un cadeau du Dieu vivant. Amen !

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